Cambodge – 1954
L’histoire de Bijou a commencé en 1957, alors que je photographiais les temples d’Angkor. J’ai voulu aller interviewer le célèbre pirate cambodgien Dap Chuon, alors au repos dans un village du nord, près de la frontière thaïlandaise. Lorsqu’il était de bonne humeur, il ne dédaignait pas la publicité. Il m’a fallu une journée de voyage à travers la jungle, à cheval, pour atteindre son village. Mais Dap Chuon était parti à la chasse. Déçu, je m’apprêtais à repartir lorsque j’ai découvert, près d’une paillote, une caisse en carton, où se battaient quatre minuscules bébés tigres, dont le pirate, la veille, avait tué la mère à la chasse. « On va les noyer ce soir, me dit le chef du village. Si vous les voulez, emportez-les, ça nous débarrassera ».Cambodge – 1954L’histoire de Bijou a commencé en 1957, alors que je photographiais les temples d’Angkor. J’ai voulu aller interviewer le célèbre pirate cambodgien Dap Chuon, alors au repos dans un village du nord, près de la frontière thaïlandaise. Lorsqu’il était de bonne humeur, il ne dédaignait pas la publicité. Il m’a fallu une journée de voyage à travers la jungle, à cheval, pour atteindre son village. Mais Dap Chuon était parti à la chasse. Déçu, je m’apprêtais à repartir lorsque j’ai découvert, près d’une paillote, une caisse en carton, où se battaient quatre minuscules bébés tigres, dont le pirate, la veille, avait tué la mère à la chasse. « On va les noyer ce soir, me dit le chef du village. Si vous les voulez, emportez-les, ça nous débarrassera ».
Totalement pris au dépourvu, je n’en ai pris qu’un, le plus agressif, donc le plus solide, et je l’ai ramené dans un sac à au Grand Hôtel de Siem Reap.Je n’avais aucune expérience de l’élevage des bébés tigres, mais, avec beaucoup de biberons, et quelques coups de griffes, j’ai réussi à tenir les premiers jours. J’ai alors découvert que personne, au Cambodge, ne voulait adopter le petit rescapé. Le tigre, quel que soit son âge est considéré comme un prédateur dangereux, à détruire sans pitié. J’ai donc été obligé de conserver provisoirement mon protégé, qui était d’ailleurs une femelle. Je ne sais plus qui l’a baptisée Bijou, mais le nom lui est resté.
Les tigres, parait-il, aiment l’eau, mais Bijou n’appréciait pas tellement les douches.
J’ai emmené Bijou dans la jungle, mais elle était terrorisée par les bruits et les odeurs, et c’est vers moi qu’elle est venue se réfugier.
Mon vieux copain Roger Colne, architecte célèbre, l’a promenée dans Phnom-Penh.
Mais c’est en cyclo-pousse qu’elle a préféré visiter la ville.
Le petit déjeuner d’un jeune tigre ne comporte pas de croissants, mais quelques kilos de buffle, choisis dans le filet.
J’ai été obligé de ramener Bijou à Paris, mais ceci est une autre histoire, trop mouvementée pour être racontée ici.