En 1967, Norodom Sihanouk, Chef d’Etat du Cambodge, décide d’entreprendre une campagne de promotion pour les richesses culturelles et touristiques de son pays. Elle sera basée sur la photographie, et pour le choix du photographe, il n’a que l’embarras du choix, les plus célèbres d’entre eux étant venus travailler à Angkor. S’il fait appel à Raymond Cauchetier, c’est parce qu’il a été captivé par son album sur Saigon, et par le regard qu’il porte sur les gens du peuple. Raymond Cauchetier reste deux mois au Cambodge, sans s’accorder un seul jour de repos. Après avoir pris quelques milliers de photos, son travail terminé, il attend, un peu inquiet, le jugement de Sihanouk. Mais le roi, ravi, lui remet une décoration, et l’invite à créer au Cambodge, une Ecole Nationale de Photographie. Flatteuse proposition que Raymond Cauchetier ne peut hélas accepter, en raison d’engagements antérieurs.
Le Roi fait alors construire une coffre-fort climatisé pour conserver les diapos et négatifs, devenus Trésor National. Mais, peu de temps après, alors qu’il voyage en France, il est renversé par un coup d’Etat. Or le général Lon-Nol, qui prend le pouvoir, est lui-même chassé peu de temps après par les Khmers Rouges. Lorsqu’ils envahissent le Palais Royal, ils trouvent le coffre-fort, imaginent qu’il contient des bijoux, et le font sauter à la dynamite. Toutes les photos sont détruites. Il n’en restera absolument rien, sauf quelques rares doublés que Raymond Cauchetier avait conservés à titre de souvenir.